Au Zimbabwe, avoir des relations sexuelles avec une personne de moins de 18 ans est désormais une infraction pénale.
L’année dernière, la loi portant modification du droit pénal (protection des enfants et des jeunes) a été adoptée. Elle fixe l’âge du consentement sexuel à 18 ans. Cette loi fait suite à une décision historique rendue en 2022, dans laquelle la cour constitutionnelle a estimé que l’âge du consentement à 16 ans était inconstitutionnel.
L’adoption de la loi de 2024 visant à relever l’âge du consentement à 18 ans a été célébrée par beaucoup. Cette décision sur l’âge du consentement sexuel a également ouvert la discussion sur l’accès à l’avortement sécurisé pour les filles de moins de 18 ans. Après tout, les jeunes filles de moins de 18 ans ont toujours des relations sexuelles et peuvent tomber enceintes. On craignait que la décision n’affecte l’accès des filles de moins de 18 ans à la contraception et aux services d’avortement. C’est pourquoi une organisation de défense des droits des femmes, Women and Law in Southern Africa, a porté cette affaire devant la Haute Cour en 2024.
On se bat pour le droit des jeunes femmes à l’avortement sécurisé au Zimbabwe.
La Haute Cour a jugé qu’une loi refusant l’accès à l’avortement légal aux enfants de moins de 18 ans et aux femmes mariées violées par leur mari était inconstitutionnelle. La décision doit maintenant être confirmée par la Cour constitutionnelle avant de prendre effet.
Actuellement, la décision de la Cour a ouvert la voie à un débat plus large afin de modifier ou de réviser la loi actuelle de 1977 sur l’interruption de grossesse. Elle doit être modifiée. La loi autorise l’interruption de grossesse dans trois cas seulement : si la grossesse met en danger la vie de la femme, s’il existe un risque sérieux que l’enfant souffre de malformations physiques ou mentales permanentes, ou si la grossesse résulte d’un viol (à l’exclusion du viol conjugal). Le Zimbabwe a également mis en place un programme post-avortement permettant aux femmes qui ont avorté, même dans des conditions dangereuses, d’accéder à des soins. Ce programme n’est pas assez complet. Il devrait au moins permettre à toutes les adolescentes d’accéder à l’avortement en toute sécurité.
Des organisations de défense des droits des femmes et des droits humains comme la mienne ont plaidé en faveur de la révision de la loi sur l’interruption de grossesse.
Les organisations de défense des droits des femmes ont sensibilisé l’opinion publique à la nécessité de modifier les politiques en matière d’avortement sécurisé et de soins post-avortement. Nous avons sensibilisé les communautés aux lacunes de la loi sur l’avortement. Avec le récent jugement, la population zimbabwéenne est anxieuse quant au future de l’agenda sur l’avortement. Nous ne savons pas ce qui se passera si la décision de la Haute Cour n’est pas confirmée par la Cour constitutionnelle, mais il y a un fort sentiment que le moment est venu d’agir. Nous avons au moins la possibilité de plaider pour que le droit des filles de moins de 18 ans soit inclus dans les dispositions légales. Après tout, il est largement prouvé que les jeunes ont des relations sexuelles et que certaines d’entre elles tombent enceintes. Les jeunes femmes de moins de 24 ans représentent 25 % des décès maternels, l’avortement à risque en étant une cause majeure.
J’appelle nos députés à exiger l’accès à l’avortement sécurisé pour les filles et les jeunes femmes.
J’ai récemment assisté à une réunion sur la loi relative à l’interruption de grossesse et ses lacunes, et je suis encouragée par le fait que les membres du Parlement commencent à se réunir pour discuter de la voie à suivre. Cependant, je suis troublée par l’absence de consensus entre ces législateurs.
Les parlementaires devraient sensibiliser les citoyens de leurs circonscriptions afin qu’ils comprennent les questions relatives à l’avortement et puissent contribuer aux audiences publiques lors de la révision de la loi relative à l’interruption de grossesse.
La société civile devrait pouvoir engager le ministère des Finances et lui montrer qu’il est moins coûteux d’offrir des services d’avortement sécurisé que des soins post-avortement. Une étude réalisée en Zambie a révélé que les soins post-avortement coûtent 2,5 fois plus cher que l’avortement sécurisé. Le ministère de la Santé et de l’Enfance devrait également être impliqué afin qu’il soutienne la révision de cette ancienne loi qui ne sert plus les femmes et les filles du Zimbabwe.
Notre message à ces politiciens est le suivant : « L’avortement est un acte médical ».
Par Edinah Masiyiwa, directrice de Women’s Action Group Zimbabwe, organisation soutenue par SAAF.