Le Fonds d’Action pour l’Avortement Sécurisé (SAAF) a été fondé en 2006 pour offrir un mécanisme de financement et d’appui spécialisé dans le travail sur l’avortement sécurisé. Alors que certains autres donateurs oubliaient, mettaient à l’écart ou excluaient carrément l’avortement en le considérant comme un sujet « sensible », SAAF a été créé non seulement pour combler le manque de financement, mais aussi pour soutenir fièrement un mouvement mondial florissant en faveur du droit à l’avortement.
Tout au long des 17 années pendant lesquelles nous avons soutenu des organisations travaillant sur l’avortement, nous avons organisé des rencontres en personne au niveau national, régional et mondial. Bien sûr, en tant que Fonds mondial et avec une équipe internationale, la majeure partie de notre travail se fait à distance et en ligne, mais nous pensons qu’il y a toujours une place pour le contact humain en personne, surtout lorsqu’on travaille sur un sujet aussi stigmatisé. Nous savons, d’après les commentaires des organisations partenaires avec lesquelles nous travaillons, que ces occasions de se rencontrer en personne sont très appréciées et peuvent donner lieu à des connexions et des collaborations uniques.
Nous sommes sur le point d’organiser notre troisième « rencontre mondiale ». Nous invitons des militants du droit à l’avortement de 50 pays à se rencontrer et à partager leurs meilleures pratiques. Bien sûr, une telle entreprise s’accompagne d’un coût financier, mais aussi de l’investissement conséquent en temps et en énergie de chacun. Alors pourquoi le faisons-nous ? Et comment nous assurons-nous que ces rencontres ne soient pas seulement efficaces, mais aussi inspirantes et avec un impact ?
Pourquoi organisons-nous des rencontres en personne ?
L’avortement est stigmatisé dans le monde entier. Même dans les pays où il est légal et disponible, les personnes qui demandent et fournissent des soins d’avortement sont jugées et stigmatisées. Tous les militants peuvent être confrontés à l’épuisement professionnel et à des risques pour leur sécurité, mais dans le cas d’une question aussi stigmatisée et généralement criminalisée que l’avortement, ces risques peuvent être intensifiés. Nous pensons qu’il est important de fournir aux militants du droit à l’avortement des espaces sécurisés où ils peuvent s’exprimer ouvertement et avec le soutien de leurs collègues.
Les organisations partenaires financées par le SAAF nous ont dit à maintes reprises qu’elles souhaitaient avoir davantage d’occasions de se rencontrer en personne.
« C’est vraiment merveilleux d’avoir des réunions dédiées où nous pouvons aborder toutes les incertitudes et discuter de l’avancement de notre travail. »
Commentaires des organisations partenaires financées par le SAAF.
Comment nous organisons les rencontres en personne
Toutes nos rencontres sont conçues par les organisations partenaires du SAAF ou en collaboration avec elles. Pour notre prochain rassemblement mondial, nous avons formé un petit groupe de consultation et envoyé un sondage à toutes les organisations partenaires pour façonner l’ordre du jour et faire en sorte que la rencontre soit aussi collaborative que possible. Après tout, nous sommes un groupe mondial diversifié, issu de différentes régions du monde et axé sur différents domaines des droits reproductifs.
Nous évaluons toutes nos rencontres et faisons de notre mieux pour mettre en œuvre les demandes que nous recevons ! Par exemple, lors d’un précédent rassemblement mondial, les participants ont été déçus que nous n’ayons pas abordé le statut de l’avortement et les questions de droits de l’homme connexes du pays dans lequel nous nous trouvions. Pour notre prochaine rencontre en Afrique de l’Est, nous aurons donc un panel de partenaires du pays hôte qui s’exprimeront sur le paysage actuel de la santé et des droits sexuels et reproductifs.
Éléments à prendre en compte lors de l’organisation d’une rencontre mondiale en personne
Lieu
Il n’est pas vraiment possible de trouver un endroit « parfait » pour une rencontre mondiale. Le fait de réunir des personnes de différentes régions signifie que certaines personnes devront toujours prendre de longs vols ou faire face à des procédures de visa difficiles à gérer. Il n’existe aucun pays au monde où les droits humains sont parfaits, où toutes les personnes queer et trans, les personnes de toutes les ethnies et les personnes handicapées seront traitées avec le respect et la dignité qu’elles méritent. Nous essayons de mettre en balance la sécurité et le confort de nos participants avec les aspects pratiques du coût et de la logistique pour choisir les lieux les plus appropriés.
Pour notre prochaine rencontre mondiale, nous avons choisi un lieu en Afrique de l’Est pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous y avons plusieurs organisations partenaires, et il est donc logique de baser la rencontre dans un endroit où le travail sur l’avortement que nous soutenons se produit réellement. Étant donné que 52 % de nos organisations partenaires financées par le SAAF sont basées en Afrique, il faut également tenir compte des vols et des visas. Le racisme crée une hiérarchie de « privilèges de passeport » et nous essayons de faire attention au fait que nos collègues des pays africains ont deux fois plus de chances de se voir refuser un visa que ceux d’autres régions du monde.
Nous reconnaissons également l’impact des rencontres mondiales en personne sur l’environnement et nous n’en avons donc organisé qu’une seule par cycle de financement. Lorsque nous sélectionnons les vols, nous réservons toujours ceux qui ont le moins d’impact possible et nous n’organisons que des rencontres que nous, et nos partenaires financés, jugeons pertinentes et nécessaires.
Sécurité et accessibilité
Bien qu’il soit toujours possible de faire mieux, nous faisons de notre mieux pour que les rencontres du SAAF soient accessibles à toutes et tous. Nous demandons à l’avance les exigences en matière d’accessibilité et nous essayons de réfléchir soigneusement à la façon dont les espaces que nous utilisons conviennent aux personnes avec divers handicaps. L’un des points clés de l’accessibilité de nos réunions est la langue. Bien que nous ne puissions pas assurer l’interprétation dans la langue principale de chaque participant, nous disposons d’une interprétation simultanée pour les trois langues de travail du SAAF – l’anglais, le français et l’espagnol.
Nous cherchons à protéger la santé, la sécurité et la sûreté de chacune et chacun autant que possible (par exemple, nous fournirons des masques et des tests de COVID), mais aussi le bien-être général des participants. Par exemple, nous aurons une « table de bien-être » avec des articles de soins personnels et nous partagerons également un numéro de téléphone dédié pour toute question ou problème.
Favoriser les contacts permanents
Les rencontres en personne devraient nous donner un espace pour nous connecter et, nous l’espérons, trouver de la joie et de la camaraderie, peut-être même un peu de répit dans nos routines quotidiennes. Nous jugeons l’impact de nos rencontres non seulement en fonction des connaissances acquises pendant les quelques jours où nous sommes ensemble, mais aussi en fonction des liens durables qui sont établis et des nouvelles initiatives mises en œuvre à la suite des conversations.
C’est pourquoi nous veillons à créer des moyens informels pour que les participants se connectent – en « jumelant » les personnes dont nous pensons qu’elles pourraient avoir des choses utiles à partager, et en organisant une fête pour que tout le monde puisse se détendre et se connecter en dehors d’un contexte strictement « professionnel ». Nous avons déjà envoyé un « Who’s who » pour aider les gens à établir des liens avec d’autres participants et nous avons créé un lien vers une liste de lecture musicale collaborative. Nous adorons entendre que quelqu’un « s’est vraiment fait beaucoup de nouveaux amis » lors d’une précédente rencontre du SAAF !
« J’ai vraiment aimé ce rassemblement du SAAF parce que j’ai pu interagir avec des personnes de différents pays et j’ai obtenu les informations sur les lois sur l’avortement dans leurs pays. Ce qui est vraiment bien, c’est qu’il y avait beaucoup d’interactions entre nous. »
Commentaires des organisations partenaires financées par le SAAF.