« J’essaie toujours de voir l’avortement comme quelque chose de positif »

Je m’appelle Nelia Curmina, j’ai 26 ans et je viens de Champotón, dans l’État de Campeche.

J’ai découvert REDMYH quand je suis venue étudier à Campeche et que j’ai commencé à m’intéresser aux questions liées aux femmes et aux droits humains. C’est un groupe pionnier dans le domaine des droits humains à Campeche et très connu parmi les militants. J’ai aussi cherché à rejoindre REDMYH pour créer une communauté et être avec des gens qui partagent mes préoccupations sur les droits humains.

J’ai commencé à m’intéresser davantage à la question de l’avortement quand j’étais à l’université. Quand la pandémie de COVID a frappé en 2020, j’étais administratrice de plusieurs sites web féministes et j’ai commencé à recevoir plein de messages disant : « Je suis enceinte, aidez-moi, que dois-je faire ? ».

À l’époque, je n’avais pas beaucoup de ressources, alors j’ai commencé à chercher des organisations. Il y a plein d’infos en ligne, bonnes et mauvaises. Il faut donc savoir comment et où les trouver.

J’ai commencé à chercher et, heureusement, j’ai vu un appel à candidature d’un collectif à Aguascalientes, ici au Mexique, appelé Morras Help Morras. Ils cherchaient surtout des gens qui n’habitaient pas dans les grandes villes. J’ai postulé et j’ai été sélectionnée. À partir de là, j’ai reçu plein d’infos sur l’accompagnement, sur les différentes situations auxquelles on peut être confronté quand on décide d’accompagner quelqu’un dans son avortement ou dans sa décision de mener sa grossesse à terme.

En ce qui concerne les questions liées à l’avortement, il existe de nombreuses idées fausses.

Il y a beaucoup de mythes qui n’ont pas été démentis, même si on dispose aujourd’hui de beaucoup plus d’informations et que beaucoup de gens sont mieux informés.

J’essaie toujours, et c’est ce que m’a appris le réseau de soutien, de considérer l’avortement comme quelque chose de positif, comme une activité qui peut même être agréable et heureuse.

Mon objectif est donc de trouver d’autres façons d’aborder un sujet qui a été retiré du débat public et de le mettre en lumière sous un angle positif, afin que nous puissions en parler librement, sans stigmatisation. Je pense que cela contribuera grandement à améliorer l’accès à l’avortement.

Je suis heureuse d’être avec d’autres femmes, d’écouter leurs histoires et d’apprendre d’elles.

C’est tellement important de savoir qu’on n’est pas seules.

On peut se sentir très seules dans la lutte pour le droit à l’avortement et se dire : « Bon, je suis toute seule, ça va être très difficile d’arriver à quelque chose. » Mais ensuite, on se souvient qu’il y a plein d’autres personnes qui ressentent probablement la même chose et on cherche cette communauté, en abandonnant l’idée qu’on peut y arriver seules.

C’est un privilège d’avoir l’opportunité d’accompagner quelqu’un dans son avortement, d’être présente à un moment aussi délicat de sa vie. Je fais tout mon possible pour qu’elle se sente à l’aise et sache qu’elle n’est pas seule.


Entretien avec Nelia Curmina, promotrice auprès de l’organisation partenaire du SAAF REDMYH au Mexique.