Le mouvement mondial pour le droit à l’avortement est Invincible 

Des restrictions aux soins d’avortement sécurisés et légaux sont en place partout dans le monde. Une poignée de pays interdisent la procédure en toutes circonstances, mais presque tous imposent des limites à qui peut se faire avorter et quand. L’avortement est souvent criminalisé et presque toujours stigmatisé. Malgré tout cela, les avortements ont toujours lieu.  

En fait, les taux d’avortement dans les pays où l’avortement est fortement restreint sont similaires à ceux où il est le plus souvent légal. Chaque année, des millions de personnes parviennent à contourner des systèmes juridiques oppressifs et des obstacles pratiques pour mettre fin à leur grossesse par choix. Elles y parviennent grâce aux militants du droit à l’avortement. 

Les militants réussissent à faire évoluer les lois, ainsi que les cœurs et les esprits. 

Les titres des journaux sont souvent dominés par des histoires sur l’impact dévastateur des interdictions d’avortement aux États-Unis. Mais la situation globale est plus positive.  

Selon le Centre pour les droits reproductifs, plus de 60 pays ont libéralisé leurs lois sur l’avortement au cours des 30 dernières années. Seuls quatre (dont les États-Unis) ont régressé. 

Au début de ce mois, la Cour suprême du Mexique a déclaré que la criminalisation de l’avortement était inconstitutionnelle, à la suite d’une série d’États individuels supprimant les sanctions pénales pour ceux qui recherchent ou fournissent des soins en matière d’avortement. Des années de plaidoyer soutenu de la part des groupes féministes ont réellement abouti à ce qu’un pays majoritairement catholique non seulement retire l’avortement du code pénal, mais exige également des établissements de santé publique qu’ils proposent des services d’avortement. Dans sa déclaration publique, la Cour suprême a utilisé un langage bienvenu, quoique étonnamment progressiste : 

« La criminalisation de l’avortement constitue un acte de violence et de discrimination fondé sur le genre, car elle perpétue le stéréotype selon lequel les femmes et les personnes ayant la capacité de tomber enceintes ne peuvent qu’exercer librement leur sexualité pour procréer et renforce le rôle de genre qui impose la maternité comme un destin obligatoire. » 

Ce langage fondé sur les droits et intégrant le genre n’est pas un heureux hasard. C’est le résultat de nombreuses conversations avec des militantes féministes, qui n’ont pas hésité à exiger la reconnaissance et le respect de leurs droits. 

 Les militants de l’Avortement travaillent également en contournant les systèmes juridiques oppressifs 

Les avortements continuent d’avoir lieu, même dans les contextes les plus difficiles, parce qu’un nombre suffisant de personnes courageuses et engagées décident d’agir pour ce qui est juste. 

Face aux sanctions juridiques potentielles, aux insultes, aux menaces, à l’ostracisation et plus encore, les partenaires des Organisations financées par le SAAF (Safe Abortion Action Fund) du monde entier s’expriment et proposent des voies d’accès à des soins d’avortement sécurisés.  

En 2019, alors que l’avortement n’était pas encore légalisé en Argentine, Socorristas En Red a accompagné 12 575 personnes pour des avortements sécurisés et les a conseillées sur les médecins pouvant prescrire l’avortement médicamenteux. Au Malawi, le journaliste Brian Ligomeka, qui dirige le Centre for Solutions Journalism, espère sauver des vies en plaidant pour une réforme de la loi sur l’avortement, après que sa nièce est décédée des suites d’un avortement à risque. Et le réseau RAWSA a récemment lancé une application mobile innovante pour fournir des informations, des orientations et des conseils juridiques aux personnes à la recherche de soins d’avortement sécurisés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord , où de nombreux pays restreignent fortement l’accès à l’avortement. 

Même dans les contextes juridiques les plus restrictifs, des militants engagés et des prestataires de soins de santé trouvent des moyens d’aider les personnes à mettre fin à leur grossesse en toute sécurité. Aux États-Unis, les Fonds pour l’Avortement continuent d’aider les personnes à se déplacer en dehors de leur État pour accéder aux services, ou pour avoir accès à des médicaments abortifs de qualité. 

Comme l’a déclaré le collectif Shout Your Abortion (Proclame Ton Avortement):  

« Ils ne peuvent pas nous arrêter, et nous ne nous arrêterons jamais. L’accès à l’Avortement n’a jamais été garanti par les tribunaux, et il ne peut pas non plus être largement éliminé par des décisions juridiques. Les pilules d’avortement sont désormais largement disponibles par courrier. Les Fonds pour l’avortement et les réseaux de soutien pratique ont mis en place des systèmes pour aider les gens à obtenir les soins dont ils ont besoin, quoi qu’il arrive. » 

Les militants de l’avortement font cela parce qu’ils se sentent concernés. Parce qu’ils veulent que d’autres puissent poursuivre leurs études, leur rôle de parent, leur carrière et leurs rêves. Parce qu’ils ont vu des amis et des membres de leur famille souffrir de l’absence d’Avortement sécurisé, être contraints d’accoucher, ou même mourir des suites d’un Avortement dangereux.  

La solidarité mondiale en matière d’avortement est puissante. 

Bien qu’il y ait eu des avancées dans la bonne direction dans certains pays, nous vivons encore presque tous dans des endroits où notre droit à l’Avortement sécurisé est restreint, où l’accès à la contraception est limité, et où la santé reproductive est un privilège pour ceux qui ont de l’argent, plutôt qu’un droit humain fondamental pour tous.  

Mais dans cette réalité actuelle, nous ne devons pas perdre de vue ce qui est possible avec la solidarité mondiale en matière d’avortement.  

Au début de l’année, AWAC, partenaire des Organisations financées par SAAF, a organisé un rassemblement en faveur de l’avortement sécurisé en Ouganda. Comme l’a clairement expliqué Resty du groupe, cette action a été inspirée par d’autres campagnes mondiales en faveur du droit à l’avortement : 

« Nous avons décidé de porter des foulards et des T-shirts verts en solidarité avec le mouvement de la « vague verte » en Amérique latine et en nous en inspirant. Il s’agissait de la toute première action de solidarité de la vague verte sur la prévention des avortements à risque, menée par des travailleuses du sexe avec des organisations féministes et d’autres organisations de défense des droits de l’homme en Afrique. Il s’agissait d’indiquer que les droits à l’avortement ne sont pas seulement nécessaires en Amérique latine, mais aussi sur le continent africain, et d’indiquer par solidarité que nous ne faisons qu’un dans ce mouvement. Aluta continua ! Et nous verrons la nôtre et celle des prochaines générations de femmes devenir libres et avoir le plein contrôle de leur corps et de leur vie. » 

Resty Kyomukama Magezi

Par Laura Hurley, conseillère de programme et responsable de la communication au SAAF. 

Photo: The Alliance of Women Advocating for Change (AWAC)

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