Au Népal, l’avortement a été légalisé en 2002. Cette décision a été prise pour réduire le taux élevé de mortalité et de morbidité maternelles attribuées aux avortements à risque. Cependant, le manque d’effort du gouvernement pour éduquer la population au sujet de l’avortement sécurisé et de ses dispositions légales fait que de nombreuses personnes ignorent encore leurs droits.
L’Avortement est légalement disponible sur demande jusqu’à 12 semaines, et dans certaines circonstances au-delà, mais tout le monde ne connaît pas ce droit. Selon l’enquête démographique et sanitaire du Népal de 2016, seulement 41 % des femmes en âge de procréer connaissaient le statut légal de l’Avortement. Parmi celles qui savaient que l’Avortement est légal, seules 48 % savaient effectivement où obtenir des services sécurisés. Nous savons que les jeunes sont confrontés à des obstacles particuliers pour obtenir un Avortement sécurisé, notamment les jugements de leur famille ainsi que des prestataires de santé.
Nous voulons donner aux jeunes les moyens de prendre leurs propres décisions en matière de grossesse et d’avortement.
À Visible Impact, nous savons que malgré le statut légal de l’Avortement, les communautés népalaises souffrent encore d’une Stigmatisation de l’avortement profondément enracinée, ce qui rend le plaidoyer en faveur de la santé reproductive malaisé. C’est pourquoi, avec l’organisation financée par SAAF, nous avons mis en place le projet Youth for Access to Avortement for Youth (YAAY) (Jeunes pour l’accès des jeunes à l’avortement).
En tant que responsable de l’engagement des jeunes et du plaidoyer pour le projet, j’ai participé à un parcours véritablement transformateur avec 28 jeunes champions prometteurs, quatre dans chacune des sept provinces du Népal. Encadrer les 28 champions et être témoin de leur parcours de plaidoyer, du début de leur mandat d’un an jusqu’à la fin, où ils ont remis le championnat à la prochaine cohorte de champions tout aussi passionnés, a été une formidable occasion d’apprentissage et de croissance pour moi aussi.
Parler de l’avortement pour la première fois.
Tous nos jeunes champions participent à un « camp d’entraînement à l’avortement » intensif, au cours duquel ils acquièrent des compétences en matière de plaidoyer sur l’avortement sécurisé et ont l’occasion de clarifier leurs propres valeurs. Après avoir suivi cette formation et appris auprès d’experts dans divers domaines, ils organisent des discussions au sein de la communauté.
Plus de 1800 personnes ont été touchées dans 20 districts des sept provinces du Népal. J’ai trouvé très inspirant de voir nos champions organiser des sessions éducatives dans des zones géographiquement difficiles d’accès. Des collines aux plaines, les champions ont mené ces sessions dans des lieux tels que des écoles communautaires, des collèges et des centres de santé dans leurs provinces respectives. La plupart des sessions ont vu les participants impliqués pour la première fois dans une conversation liée à l’Avortement sécurisé. Au cours de ces séances, les jeunes se sont généralement montrés très réceptifs par rapport aux aînés qui avaient davantage tendance à percevoir l’avortement comme un péché.
S’engager auprès des représentants du gouvernement.
Parallèlement à l’engagement communautaire, nos jeunes champions ont pris l’initiative de faire pression sur les représentants des gouvernements provinciaux et locaux. Ils ont pu partager leurs recommandations basées sur les réflexions des sessions de sensibilisation. Armés de leur expérience, de leurs histoires personnelles et de leur passion pour le changement, ils ont plaidé en faveur de services d’avortement sécurisé de qualité, accessibles et sans stigmatisation, adaptés aux jeunes. Malgré notre scepticisme quant à l’engagement du gouvernement sur cette question, la réponse positive et réconfortante des fonctionnaires est restée constante tout au long de ces réunions.
J’ai vu un changement si positif chez nos jeunes champions.
Le voyage avec notre groupe actuel de Jeunes champions est arrivé à son terme, mais l’impact de leur plaidoyer – c’est certain – résonnera pendant des années dans le paysage du plaidoyer en faveur de la santé reproductive au Népal. En effectuant des visites de contrôle, j’ai pu constater une différence dans la confiance que possédaient et démontraient les champions au cours de leur première et de leur dernière activité. Être témoin de la transformation de leurs compétences en matière de communication, de coordination et de gestion d’événements, ainsi que de leur ingéniosité en termes de plaidoyer en faveur de l’Avortement sécurisé, a été immensément gratifiant. Les champions comprennent maintenant que des communautés informées et autonomes et des politiques progressistes sont les héritages durables de tout effort de plaidoyer. Tout en reconnaissant les réalisations de l’année passée, j’ai hâte de créer des communautés beaucoup plus conscientes avec la prochaine cohorte de jeunes champions. Nous y parviendrons en éliminant les tabous, en dissipant les mythes et en favorisant un environnement propice à la discussion sur la santé reproductive.
Par Manisha Thapa, responsable de l’engagement des jeunes et du plaidoyer chez Visible Impact, un partenaire bénéficiaire du SAAF au Népal.