Parler d’avortement sauve des vies

Parler de l’avortement est un sujet complexe. Avant de travailler à SOSFEC, j’avais une opinion hostile de l’avortement et je pensais que c’était quelque chose sur lequel  je ne devais pas parler. J’avais entendu beaucoup de mythes et de rumeurs – par exemple, que les femmes qui avortaient resteraient stériles par la suite, ou qu’elles risquaient d’avoir un cancer. Dans ma communauté, l’avortement est stigmatisé car il remet en question les normes et valeurs sociales, culturelles et religieuses. 

Lorsque je suis arrivée à SOSFEC, j’ai appris que l’avortement est un droit.

J’ai appris que des vies humaines étaient perdues à cause d’avortements dangereux. J’ai appris que ces avortements dangereux contribuent à grande échelle au taux de mortalité maternelle. La stigmatisation qui entoure l’avortement devrait être bannie car elle empêche tout le monde de bénéficier de soins d’avortement sûrs, abordables et de qualité. En apprenant qu’il existait une méthode d’avortement plus sûre qui n’entraîne pas de risques pour la santé de la femme, j’ai commencé à changer d’avis.

L’avortement a été partiellement dépénalisé en RDC.

En 2018, le Protocole de Maputo a été publié dans le journal officiel de notre pays. Celui-ci a autorisé la dépénalisation partielle de l’avortement en RDC sous certaines conditions, notamment en cas de viol, d’inceste et d’agression sexuelle, et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la femme enceinte ou du fœtus. Cette reconnaissance judiciaire du droit à l’avortement sécurisé a également contribué à dissiper mes craintes et mes préoccupations.

J’avais été témoin de la souffrance des femmes qui avaient été violées et qui ne voulaient pas garder leur grossesse, et je voulais m’impliquer davantage pour trouver une solution. J’ai été intéressée par le plaidoyer mené par les organisations travaillant dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive pour légaliser l’avortement.

Nous pouvons offrir un soutien et des conseils pratiques aux femmes qui cherchent un avortement sécurisé.

Avant que SOSFEC ne commence à recevoir des fonds du SAAF pour travailler sur la réduction des avortements dangereux, nous donnions juste des informations générales sur la santé reproductive, mais nous n’offrions pas de soutien pratique. Cela signifie que les femmes cherchant des avortements sécurisés étaient toujours confrontées au problème de savoir où trouver des pilules, combien en prendre, etc. Elles ne parvenaient pas toujours à trouver des moyens sûrs de mettre fin à leur grossesse.

Grâce au financement du SAAF, notre organisation a pu mettre en place trois cliniques et améliorer l’accès aux services d’avortement. Depuis 2014, nous avons fourni des services de santé sexuelle et reproductive à près de 70 000 personnes. Nous pouvons même offrir des services aux personnes gratuitement.

Je suis ravie de pouvoir dire que nos clients sont satisfaits des soins qu’ils reçoivent. Nous n’avons jamais eu à enregistrer de complication suite à l’utilisation du Misoprostol. Travailler avec les clients de SOSFEC m’a montré, à coup sûr, que le Misoprostol sauve des vies.

Clarisse Balenge, SOS Femme, Enfant en Catastrophe (SOSFEC)

SOSFEC est un partenaire financé par le SAAF depuis 2014. Ils travaillent au Sud-Kivu, en République démocratique du Congo.

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